Quels sont les contrats qui augmentent au 1er janvier 2025 ?
Les cotisations aux contrats collectifs n’ont pas augmenté en 2025. Comme ils concernent près de 62% de notre population couverte, les augmentations 2025 touchent uniquement les contrats individuels, soit environ 38 % des personnes protégées.
Quelles sont les raisons principales qui justifient l’augmentation des cotisations individuelles au 1er janvier 2025 ?
Les augmentations des cotisations sur les contrats individuels ont été rendues nécessaires par l’accroissement tout à fait atypique des montants remboursés. Ces augmentations tendent à être plus élevées lorsque l’âge augmente, ce qui justifie que les contrats individuels retraités soient concernés et que les augmentations soient plus importantes sur les tranches d’âge élevées pour le contrat santé volontaire.
Il faut préciser que l’on calcule les remboursements moyens par contrat ou par tranche d’âge : en aucun cas le niveau de cotisation individuel n’est modulé en fonction de votre consommation individuelle car le risque est mutualisé.
L’année dernière, une augmentation des cotisations avait déjà eu lieu. Pourquoi cette mesure n’a-t-elle pas été suffisante pour stabiliser les finances sur le long terme ?
Nous sommes un des rares métiers où le prix est fixé sans connaître notre coût de revient. Un commerçant connait le prix d’achat d’un produit et des frais avant de fixer son prix de vente : il connait à l’avance sa marge commerciale. Lorsque nous avons fixé les cotisations de 2024 (prix de vente), nous ne savions pas combien nous serions amenés à rembourser de prestations à nos adhérents au cours de l’année 2024. C’est une donnée que nous découvrons à postériori, à la clôture de l’exercice comptable. De plus, les augmentations décidées au cours d’une année entrent en vigueur tardivement, au mieux au 1er janvier de l’année suivante, et demandent du temps pour produire des effets. Aussi, lorsque les remboursements augmentent deux fois plus vite que les cotisations, comme cela a été le cas au cours de ces dernières années, cela crée vite des écarts importants. Nous avons en plus découvert tardivement que la Nouvelle-Calédonie avait décidé de revaloriser en 2024 la rémunération de certains professionnels de santé, ce qui a accentué le déséquilibre déjà existant.
Avez-vous conscience que ce sont les seniors qui vont être le plus impactés alors que la Nouvelle-Calédonie entre dans une crise sans précédent ?
Oui, vous avez raison. C’est d’ailleurs sans doute parce que la MDF est la mutuelle qui couvre le plus grand nombre de seniors qu’elle enregistre les plus hauts niveaux d’augmentation de ses remboursements, ressentant pleinement les effets du vieillissement de sa population cotisante. Le niveau de consommation de soins augmente avec l’âge, et les progrès de la science et l’amélioration des techniques de prise en charge augmentent le coût des soins.
En effet, la MDF couvre les retraités qui ont cotisé une durée suffisante en tant qu’actif avec son contrat solidaire individuel, mais également les retraités qui n’ont pas été cotisants en tant qu’actif avec son contrat santé volontaire sur les tranches d’âge à partir de 60 ans.
Les premiers, les retraités solidaires, bénéficient d’un système de solidarité particulièrement généreux qui leur permet de verser en moyenne des cotisations très nettement inférieures au niveau de leur remboursement. Ainsi, ce sont 380 millions de francs de solidarité dont ils ont bénéficié au cours de l’exercice 2023-2024, prélevés sur la contribution des actifs solidaires. Ce niveau de solidarité est encadré par la loi et ne peut dépasser les 12% des cotisations des actifs. Or, malgré les deux augmentations de cotisations successives qu’ont subi les retraités solidaires, le taux de solidarité aurait dépassé le taux de solidarité réglementaire maximal si nos adhérents n’avaient pas temporairement été empêchés de se soigner en mai et juin. Cette troisième augmentation au 1er janvier 2025 est donc absolument nécessaire. Même après cette dernière augmentation, ce contrat reste très généreux et sans équivalent.
Concernant le contrat santé volontaire, créé initialement pour offrir une solution aux actifs et retraités de l’administration de l’Etat en Nouvelle-Calédonie, après que l’Etat se soit désengagé des contrats solidaires, il a attiré un large public d’actifs et de retraités, bien au-delà de sa cible initiale. Il propose, sur certaines options, un niveau de couverture très élevé, équivalent au contrat solidaire et bien supérieur au niveau de prestation proposé par ailleurs pour les contrats volontaires ou les contrats seniors. Il a attiré de nombreux Calédoniens, notamment des anciens, y compris parmi ceux ayant contribué leur carrière durant auprès d’autres mutuelles; et particulièrement ceux confrontés à des problèmes de santé justifiant la recherche d’une couverture plus complète. Ce contrat ne bénéficie pas de la solidarité des actifs cotisants au contrat solidaire de la MDF et est donc augmenté chaque année pour suivre l’augmentation des remboursements.
La MDF n’ayant pas de but lucratif, elle s’assure ainsi que les cotisations couvrent autant que possible les remboursements et une part proportionnelle des frais de gestion. Si les prix augmentent autant sur certaines tranches d’âge cette année, c’est le rattrapage pour correspondre à ce que cela nous coûte. Nous avons d’ailleurs voulu créer de nouvelles options, avec des niveaux de remboursement un peu plus modérés pour permettre à ceux qui n’auraient plus les moyens de suivre l’augmentation de 2025, de trouver une solution moins chère pour conserver une couverture santé complémentaire. N’hésitez pas à étudier l’option la plus adaptée à votre niveau de consommation.
Quel est l’impact de la crise actuelle sur la MDF ?
A partir du 13 mai 2024, de nombreuses activités ont été interrompues, plus ou moins longuement. Des centres ont été dégradés et pillés (Crèche et service Remboursement à Dumbéa-sur-Mer), l’immeuble du Santal a été dégradé, pillé et incendié. Certaines activités n’ont repris que de manière partielle.
Nos adhérents ont été empêchés de se soigner pendant plusieurs semaines, et n’ont pu reprendre leurs soins que de manière très partielle au cours des mois qui ont suivi. La population cotisante à la MDF a commencé à s’infléchir dès le mois d’avril et baisse à présent, avec déjà plus de deux mille personnes protégées en moins. Cette tendance va probablement s’accentuer dans les mois à venir. En effet, plusieurs employeurs affiliés à notre mutuelle annoncent des plans de réduction de leurs effectifs. D’autre part, dans le cadre du plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction (S2R), le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie affiche des ambitions de réformes visant à réduire tant les effectifs que la masse salariale du secteur public, ce qui risque d’affecter notre principale source de financement.
Est-ce que les difficultés financières de la MDF mettent en danger sa pérennité ?
Après trois exercices successifs avec des résultats déficitaires, les réserves de la MDF ont atteint un niveau historiquement bas avec 6 mois de prestations. Un ensemble de mesures a été pris, tant en augmentant le niveau des tarifs de nos services mutualistes, que le montant des cotisations. Parallèlement, la mutuelle a réduit la voilure de ses dépenses dans un contexte d’absence de lisibilité : des projets ont été mis en sommeil, des départs n’ont pas été remplacés, des contrats ont été renégociés à la baisse, des dépenses de fonctionnement ont été contenues, etc. Dans le même temps, la crise ayant affecté la capacité de nos adhérents à se soigner, cela a temporairement diminué nos dépenses de remboursement. Aussi, la pérennité de notre activité n’est pas altérée à ce jour grâce à cet effort collectif.
Quelles sont les perspectives pour l’avenir ?
Difficile de répondre à cette question compte tenu du manque de lisibilité.
La diminution de la population cotisante, et notamment de la population active, exerce une pression accrue sur notre système de solidarité inter-âge. En effet, ce sont les actifs qui financent cette solidarité dans une proportion qui est encadrée réglementairement.
Nous restons très attentifs à l’ambition annoncée par le gouvernement de diminuer les effectifs et la masse salariale du secteur public. En effet, la cotisation des actifs solidaires est assise sur les rémunérations, selon le principe de solidarité du plus favorisé vis-à-vis du plus démuni. Moins de rémunération signifie donc une cotisation par personne qui diminue. C’est tout notre modèle de solidarité qui peut être mis à l’épreuve.
Difficile de prévoir l’évolution de nos remboursements. Sera-t-elle affectée par les départs de professionnels de santé ? Va-elle reprendre au même rythme qu’avant ?
Nous réduisons la voilure pour limiter notre prise au vent pendant la tempête. Les équipes de la MDF ont démontré leur engagement et leur résilience dans les périodes adverses que nous avons rencontrées. Elles ont aussi prouvé leur capacité à rebondir et à s’adapter un environnement nouveau. Nous avons une grande confiance dans la capacité de la MDF à faire face.